"La communauté pour personnage principal" - Emmanuel Dell'Erba

 

Anatevka, 1905. Tevye, pauvre laitier , fait ce qu'il peut pour subvenir au besoin de sa femme et de ses 3 filles. Il vit au coeur d'un shtetl où chacun observe scrupuleusement la religion juive et les rôles qu'elle assigne. Au moment de marier ses filles ,Tevye va devoir faire un choix douloureux entre la tradition et le bonheur de celles-ci qui refusent les prétendants proposés par l’entremetteuse du village ! Mais les pogroms grondent et les idées nouvelles commencent à faire pression sur le shtetl. Bientôt tout va devoir changer…

 

Produire « Un violon sur le toit », c’est « complètement fou » non?

 

Lors de sa création à Broadway, en 1964, "Un violon sur le toit" ne rassemble pas les codes des grands succès: pas de paillettes, un sujet difficile, peu de moyens. Pourtant le spectacle récoltera pas moins de 9 Tony Awards dont celui de la meilleure comédie

musicale et coiffera ainsi au poteau le grand favori « Hello Dolly ». Ce qui interpelle dans cette oeuvre c'est la façon avec laquelle les auteurs ont réussi à insuffler de l’ironie à l’histoire. La façon qu'ont les personnages d'aller de l'avant quoiqu'il arrive est symptomatique de la démarche des auteurs, on ne tombe jamais dans le pathos. Les personnages dégagent une réelle chaleur et un charme excessivement contagieux.

 

Mais la vraie réussite du spectacle réside dans le fait qu’il dépasse le simple cadre de la religion (et de la tradition) pour le transformer en un poignant témoignage humain accessible à tous. Ce qui me semblait le plus important ici était de mettre l'humain au centre de l’action. C’est un spectacle sur une communauté mais sûrement pas un spectacle communautaire, la culture juive n’est que le postulat de départ.

 

J’ai eu envie de travailler loin des clichés et de chercher la sincérité et la simplicité du texte afin de créer des personnages plus nuancés. Pour cela, il m'était impératif de partir de la vraie nature des artistes, de ce qu'ils sont. Le travail sur la communauté me paraissait également important: cette fourmilière, cette grande famille qui vit ensemble, cette communauté qui vit au rythme des mêmes traditions, comme des familles-témoins. C’est elle le personnage principal.

 

C’est donc avec un réel plaisir que la compagnie Ars Lyrica et le PBA de Charleroi s’associent une nouvelle fois pour vous présenter cette nouvelle production qui coïncide avec les 50 ans de la création d’ « Un violon sur le toit ».

 

L’chaim !

 

Emmanuel Dell’Erba

 

 

Zero Mostel (Tevye) lors de la création d’ « Un Violon sur le Toit » à Broadway en 1964